L'autre côté, 2021. (arrêt sur image)
L'autre côté, 2021. Galerie des arts visuels, Québec.
Installation vidéo in situ, deux projections vidéo, panneaux perforés, miroir, bois, ballon de soccer, deux bandes sonores (haut-parleurs).
L’AUTRE CÔTÉ, 2021
La vidéo centrale
L’une des deux vidéos présentes dans l’installation est projetée en grand format sur le mur face à l’entrée de la salle d’exposition. Elle est cadrée par les deux colonnes blanches, massives et iconiques de la galerie. Le mouvement du film est lent et présente des formes blanches, géométriques et d’apparence abstraite. On réalise que ce sont ces mêmes colonnes qui y sont représentées et que le film a été tourné sur place. Il est le résultat d’une double captation : c’est-à-dire qu’une caméra, dans un mouvement lent de va-et-vient latéral (travelling), a filmé perpendiculairement les deux colonnes, tandis qu’une autre, fixe, filmait de face la projection en simultanée de la première, à l’endroit de la projection finale. C’est cette captation tournée par la deuxième caméra qui a produit le document final. Sous forme de télescopage, il rassemble dans une même image continue deux points de vue de l’espace d’un même moment, sous deux angles différents.
Dans l’image, un effet de parallaxes se créer par le déplacement de l’une des deux caméras. La colonne la plus proche de l’objectif se trouve ainsi à passer de gauche à droite de la seconde derrière elle, créant des angles morts la dissimulant momentanément. Un ballon de soccer, également présent dans la galerie, fait des apparitions sporadiques dans l’image. C’est lorsqu’il croise le champ commun des deux caméras qu’il apparait en double dans le film, mais dans un mouvement unifié.
La petite projection
Une deuxième vidéo, celle-ci de plus petit format, est présentée avec son dispositif de projection à gauche, au fond de la galerie. Le tout est placé au sol près du mur, dans une dimension non immersive, tel un objet. Projeté dans une boucle plus moins perceptible, la vidéo est un plan séquence du ballon de soccer qui roule de façon aléatoire sur le plancher blanc de la galerie. La séquence est filmée en plongée avec la technique de « caméra à l’épaule » suivant le mouvement du ballon de façon à le circonscrire au cadre de l’image. La taille de la projection fait en sorte que la dimension du ballon s’apparente à celle du ballon réel.
Le miroir
Un grand miroir occupe le mur de droite, à l’autre extrémité de la galerie. Sa distance avec les autres éléments de l’installation lui confère une sorte d’autonomie relative, c’est-à-dire qu’il ne fonctionne pas en relation stable avec un ou l’autre des éléments.
Le ballon de soccer
Le ballon réel est présent dans l’espace de la galerie. Sa position n’est pas déterminée et donne l’impression de libre occurrence lorsqu’il circule dans l’installation et rencontre, tel un évènement contingent, son passage en différé dans l’une ou l’autre des projections.
Les panneaux perforés
Les ouvertures de la galerie, sauf l’entrée, sont voilées par des panneaux perforés (les deux ouvertures de part et d’autre du mur à droite qui masque en partie la vitrine extérieure, le bureau et la remise). Ce que l’on perçoit de qui se trouve de l’autre côté des parois perforées mais qui nous ignore - la mouvance de la rue à l’extérieure - est alors comme pixélisé, tel une image animée à la surface des panneaux. La galerie est en quelque sorte un contenu, circonscrite par ces espaces fermées par les panneaux, donnant l’effet d’être dans un lieu situé relativement à un autre; d’être à l’extérieure de la rue.
Crédits photos : Ivan Binet