Un autre bâtiment, 2019. LA CHAMBRE BLANCHE, Québec.
Installation vidéo in situ à trois canaux, panneaux perforés, bois, trois luminaires Del, écran télévisé, bande sonore.
Images et montage vidéo: Alexandre Berthier
Crédits photos: Ivan Binet
Une image est par nature virtuelle. Elle se présente dans un endroit réel (actuel) qui est discontinu avec ce qu’elle représente. Pourtant, l’image vidéo dans ce travail lie ces deux espaces (l’espace de l’image et l’espace réel) en un lieu continu dans lequel l’expérience du temps s’épaissit.
Un autre bâtiment est une installation vidéo à 3 canaux réalisée à La Chambre Blanche à Québec. Pour ce projet, les vidéos — 2 projections et un moniteur au sol appuyé contre le mur — présentent en boucle une action performative réalisée antérieurement dans l’espace même de la projection. L’action consiste en des gestes liés à l’aménagement de la salle, notamment l’ajustement des éléments d’éclairage au plafond et l’installation d’autres luminaires à divers endroits dans l’espace de la galerie. Elle est enregistrée en continu, de trois positions différentes avec trois caméras dont les champs de captation sont partiellement voilés, selon le cas, par la présence des murs ajourés. Lors de la projection, les trois plans-séquences sont resynchronisés et spatialisés de telle sorte que l’on ne puisse percevoir l’ensemble d’un seul point de vue. L’action est sectionnée dans l’espace comme des prises partielles dont la simultanéité est rétablie par le son, identique pour chaque prise.
Dans l’installation, des structures de panneaux perforés reconfigurent l’espace initial de la galerie en des lieux distincts, contigus et perméables. C’est à partir de cette nouvelle configuration que s’ancre le dispositif filmique, autant pour la disposition des caméras lors de la prise, que pour la spatialisation des projections. Les séquences projetées commencent par l’ouverture de l’éclairage néon de la salle, effectuée par l’action de l’interrupteur du réseau, ce qui a pour effet d’éclairer effectivement la salle par la luminosité de la projection. Ensuite, une personne procède, avec un escabeau qu’elle déplace au fur et à mesure, à dévisser un à un les tubes du réseau, replongeant progressivement l’espace (l’espace représenté et l’espace réel de la galerie) dans la pénombre. Elle pose ensuite un éclairage alternatif, d’autres lumières plus discrètes (les lampes DEL), à divers endroits de l’installation, qui restent allumées pour la durée de l’exposition. Comme les vidéos sont projetées en boucle, la séquence nous fait passer de pénombre en pénombre, alors que les néons au plafond demeurent fermés. Les visiteurs se déplacent dans l’espace de l’installation, ils sont perceptibles d’un lieu à l’autre, à travers les écrans perméables, comme des images. Les vidéos projetées s’actualisent simultanément à notre propre expérience du lieu faisant cohabiter des réalités qui s’« ignorent » normalement (devant/derrière, ici/là-bas, avant/pendant).