Sans titre (provisoire), 2018. 23e rencontre interuniversitaire des maîtrises en arts du Québec (RIMAQ), Galerie l'Oeuvre de l'Autre, Chicoutimi (QC)
Installation vidéo in situ. Maquette en MDF de la galerie L’Œuvre de l’Autre, panneaux perforés miniature, deux projections vidéo, table, cimaise, socle en bois.
Images et montage vidéo: Delphine Hébert-Marcoux
«Le travail que je présente ici prend en charge le contexte particulier de cette exposition collective. Je travaille avec l’espace d’exposition, mais sans les œuvres qui y sont exposées et que côtoie mon installation vidéo. Mon œuvre présente donc, dans une perspective fictive, une représentation de mon projet d’installation pour la galerie L’Œuvre de l’Autre. La maquette à l’échelle 1 :12 de la galerie dans laquelle elle est exposée à Chicoutimi, et la vidéo de la structure de panneaux perforés en taille réelle filmée dans un autre lieu, se combinent pour actualiser l’installation dans l’espace d’exposition.»
- Texte tiré du catalogue de l'événement
Sans titre (provisoire) est une installation vidéo in situ présentée lors d’un colloque (la RIMAV)[1] à la Galerie l’Œuvre de l’Autre à Chicoutimi (UQAC). Les conditions particulières de cette exposition collective m’ont amenée à concevoir mon œuvre à partir de ses contraintes, notamment le fait de devoir travailler à distance, dans une logique in situ. Plusieurs variables étaient également à anticiper tels que l’emplacement et la nature des autres œuvres exposées dans la galerie (disposition, éclairage, son, etc.).
Ainsi, l’œuvre Sans titre (provisoire) présente, dans une perspective fictive, une représentation « actualisée » de mon projet d’installation pour la Galerie. Le mur de panneaux perforés présenté en projection dans l’installation à Chicoutimi a été réalisé dans un autre lieu (la galerie du Roulement à billes à Québec) dont les dimensions sont similaires à la galerie à Chicoutimi. Construite au centre de la salle à Québec, la section de panneaux de 8 pi par 12 pi sert d’écran à partir duquel une courte action performative est filmée. Le cadrage de la caméra, dans un plan fixe et frontal par rapport à l’écran de panneaux, inclut dans son champ visuel une partie de chaque côté de l’écran, du sol et du mur du fond de la galerie, mais de manière à préserver l’anonymat du lieu, pour qu’il soit indistinct et générique. Dans cette vidéo, on me voit déplacer une maquette et procéder à certaines manipulations derrière l’écran. La maquette se trouve à être une réplique à l’échelle 1 : 12 de la Galerie l’Œuvre de l’Autre. Elle a été conçue à distance à partir de plans et de photos de la salle. Pour ce projet, la maquette est donc à la fois un outil de travail en vue de la création d’une œuvre, dans ce cas, fictive, tout en étant une partie concrète de l’œuvre installative réelle à venir (comme au futur antérieur).
La présentation à Chicoutimi cherche ainsi à intégrer conceptuellement le lieu d’exposition par sa représentation même (la maquette, mais également la vidéo qui aurait pu avoir été tournée dans le lieu même). C’est-à-dire que mon projet d’installation pour la Galerie l’Œuvre de l’Autre, sous forme de maquette, est actualisé au moment d’être présenté dans sa forme finale à Chicoutimi. Elle est une représentation d’elle-même, en tant qu’œuvre. La maquette, qui participe à la forme actualisée de l’installation située, est à la fois un objet autonome, donc déplaçable, tout en étant également attachée au lieu dont elle est la réplique. Elle côtoie la projection sur le mur de la galerie. La maquette à l’échelle 1 : 12 de la galerie dans laquelle elle est exposée à Chicoutimi, et la projection de la vidéo de la structure de panneaux perforés en taille réelle filmée dans un autre lieu, se combinent pour actualiser l’installation dans l’espace d’exposition.
Ici, le plan d’une œuvre à venir s’actualise comme l’œuvre elle-même, une installation vidéo in situ. Actualiser la présence en direct de l’œuvre dans l’espace d’exposition tient alors peut-être juste au fait qu’elle se présente dans l’endroit qu’elle représente. Elle nous renvoie à l’espace où l’on se trouve (ici et maintenant) pour l’apprécier. La projection sur le mur de la galerie, qui fait également partie de l’œuvre, devient un ancrage dans l’espace réel et arrive à faire vibrer cette sensation de l’immédiat, questionnant ainsi le rôle de la présence, du présent et de la représentation.
[1] Rencontre interuniversitaire des maîtrises en arts. L’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), université hôte de l’édition 2018.