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Plan-séquence, 2019. EXO[Mars], volet Jeunes commissaires de Manif d'art 9, Ateliers du Réacteur.

Installation vidéo in situ. Panneaux perforés, bois, miroirs, fauteuil, sac de sable, projecteur, surface de projection, boucle vidéo (8min20. Commissaires : Sevia Pellissier et Florence Gariépy

Images : Delphine Hébert-Marcoux

 

Dans l’œuvre Plan-séquence, un plan-séquence filmé préalablement dans le lieu d’exposition a été réalisé avec un module automatisé de caméra sur rail fixé à une section de mur en panneaux perforés dont la structure, autoportante, rappelle celle d’un paravent ou un élément de décor scénographique temporaire. L’ensemble du dispositif de tournage a été positionné de manière à inclure, dans le cadre de la caméra, l’endroit où l’installation sera présentée; le fond de la salle ainsi que les miroirs posés sur le mur entre les fenêtres à volets. 

Toujours en mouvement de va-et-vient aléatoire, la caméra filme le fond de la salle et, à partir des miroirs et du reflet dans les fenêtres, son propre contrechamp. Elle croise son regard alors qu’elle est dissimulée derrière l’écran perforé — c’est donc plutôt celui-ci que l’on voit reflété dans les miroirs. Ceci, et aussi les silhouettes des choses qu’il voile derrière. Les miroirs, dans leur interaction avec l’objectif de la caméra en déplacement, créent des parallaxes qui ouvrent l’espace de captation (l’hors champ) en multipliant les différents points de vue sur cet espace, telle une deuxième caméra filmant en simultané le contrechamp de la première.

Le plan-séquence débute avec une personne (moi-même) qui s’affaire dans le lieu, à des actions courantes. En passant devant et derrière la caméra en mouvement, elle ferme les volets des fenêtres, modifie l’éclairage, se change derrière le paravent, consulte son téléphone puis retourne éventuellement le fauteuil présent dans sa position qu’il occupe dans l’installation. À un autre moment, elle déplace un miroir accoté sur la poutre tout près devant la caméra derrière l’écran perforé, révélant, l’instant du déplacement, d’autres points de vue et d’autres détails de l’espace. 

Dans l’installation, les éléments qui ont servi au tournage (le fauteuil, le sac de sable, la section de mur, etc.) sont déplacés; le rail et la caméra ont été démontés et une deuxième section de mur autoportant a été ajoutée. Les deux sections de mur sont désormais placées de façon à fermer en partie le fond de la salle. 

Lors de l’exposition, le plan-séquence d’environ 8 minutes est projeté en boucle sur un écran blanc déposé directement au sol, semblable aux volumes muraux construits pour les projets EDR. Dans ce film projeté, une partie de l’action captée par la caméra a été saisie par l’entremise des miroirs sur le mur. Ils sont une partie importante du dispositif de tournage et sont toujours présents dans le lieu, en même temps que dans la projection.

La vidéo a ici ce pouvoir de « garder en mémoire » le reflet contenu dans les miroirs, comme un souvenir du lieu et de ce qui s’y est déroulé au moment où les images ont été tournées. 

Le film présente le lieu et les miroirs, et c’est dans ces miroirs que l’on constate les circonstances du tournage lui-même. La nouvelle configuration des éléments de l’installation agit « en différence » avec leur disposition que l’on perçoit dans la projection. Il y a comme une actualisation, par la négative, de ce qui a eu lieu dans le lieu. Comme la présence d’une absence.  

 

Images et montage vidéo : Delphine Hébert-Marcoux

 

Le plan-séquence intégral de 8min20 présenté en boucle durant l'exposition.

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